Consultons, consultons, les Tournaisiens y gagneront...
Pourquoi ECOLO Tournai a-t-il voulu lancer une consultation populaire sur le nouveau Pont des Trous ?
Avant les élections communales, nous avons beaucoup discuté, entre militants écolos, sur la position à défendre par notre parti sur le nouveau visage du Pont des Trous et nous n’étions vraisemblablement pas d’accord sur l’option à privilégier : résille en acier ou pierre. Les uns affirmaient qu’il fallait garder la pierre par respect pour ce vieux monument, et parce que la résille vieillirait mal. D’autres affirmaient qu’il fallait « oser », donner une vision futuriste à cet endroit emblématique de Tournai.
Nous avons donc opté pour l’introduction d’une consultation populaire lors de la confection de notre programme électoral en 2012.
Pourquoi ECOLO a-t-il déposé cette demande devant le conseil communal ce 27 avril 2015 ?
Nous y pensions depuis le début de la législature mais ce dossier a connu un chemin tortueux. Rappelez-vous, en 2013, l’élargissement de l’Escaut est décidé par le gouvernement wallon et la majorité communale présente plusieurs esquisses du futur Pont des Trous aux Tournaisiens. Puis, en août 2014, le Ministre Demotte déclare que le dossier est gelé puisque la France n’a pas le financement pour creuser le canal Seine-Nord.
Quelques mois plus tard, le gouvernement wallon rétorque qu’un financement européen est demandé (mais pas encore obtenu avec certitude aujourd’hui!) et que le projet d’élargissement de l’Escaut reprend son petit bonhomme de chemin. Restant toujours attentif à l’évolution de ce dossier, ECOLO a demandé au Collège lors du conseil communal du 27 mars dernier le timing précis des travaux qui seraient entamés à Tournai. M. Delannois répondit que le projet se déroulerait en 4 phases, la dernière phase, prévue en 2019-2020 étant l’édification du « nouveau Pont des Trous ». Il n’y avait donc plus de temps à perdre, si nous voulions que les Tournaisiens puissent être consultés avant de rentrer le projet définitif du nouveau Pont des Trous.
Qu’a-t-il été décidé lors du conseil communal du 27 avril 2015 ?
Le débat a été chaud : nous étions plusieurs à défendre les vertus d’une consultation populaire tandis que l’Echevin Delannois s’y opposait fermement. Finalement, le vote a été positif : 22 oui, 9 non, 7 abstentions.
Pour ECOLO, c’est une double victoire : c’est la première fois qu’un projet déposé par un parti d’opposition remporte une majorité de suffrages. C’est aussi la première fois que Tournai invitera les habitants à une consultation populaire.
La consultation populaire sera mise sur pied par le Collège Communal et celui-ci l’a fixée au 25 octobre. Il a alors été très important d’inviter les Tournaisiens et les Tournaisiennes à des séances d’information, à des débats sur le sujet afin que la consultation populaire soit un réel exercice de démocratie participative. Chacun(e) pourrait parler avec son coeur ce 25 octobre mais avant cela, il fallait que nous soyons toutes et tous bien au courant des projets, de leur coût respectif, des conséquences de notre choix.
Une consultation populaire est-elle souhaitable ?
La consultation populaire est, pour ECOLO, un outil de démocratie participative formidable s’il s’accompagne de débats citoyens, si salutaires pour notre démocratie. Les Tournaisien(e)s ont voté en octobre 2012 et ont choisi leurs représentants pour 6 ans. Les opposants à la consultation populaire affirment que les représentants ont été choisis pour décider, ils doivent donc décider ! C’est vrai, c’est l’essence même de la démocratie représentative. Mais est-ce suffisant de choisir des représentants pour 6 ans et de les laisser « faire ce qu’ils veulent » ? Non, évidemment. Dans notre commune, nous avons très peu la culture de la transparence et de l’évaluation. Les citoyen(ne)s connaissent très peu le fonctionnement des institutions communales : les compétences du Collège communal, celles du Conseil communal. Certains considèrent que, comme les citoyens s’intéressent peu à la vie communale, les élus ont donc le feu vert pour décider. Mais on peut aussi déplorer ce manque de lien entre les élu(e)s et celles et ceux qui les ont désignés et se demander pourquoi ces liens sont si distendus. A ECOLO, cette question nous taraude depuis toujours et nous voulons saisir toutes les opportunités pour ramener le débat sur la place publique. A Tournai, par exemple, nous avons plusieurs fois demandé au conseil communal d’accepter le droit d’interpellation des citoyen(ne)s mais cela nous était à chaque fois refusé. Heureusement, le parlement wallon a pris les choses en mains et a imposé aux communes de mettre en place ce droit d’interpellation des citoyen(ne)s au conseil communal. Celui-ci a été utilisé à quatre reprises à Tournai depuis 2013 mais nous sommes persuadés, à ECOLO, qu’il le sera bien plus souvent si nous informons les Tournaisien(ne)s de ce droit ! Nous n’hésitons pas, d’ailleurs, à proposer aux citoyen(ne)s de l’utiliser pour des questions d’intérêt collectif qui les intéressent particulièrement.
Quant à la consultation populaire, c’est un autre moyen de démocratie participative mis à la disposition des communes par le Code de la démocratie locale pour entendre réellement « la voix du peuple » sur des sujets sensibles. Elle peut porter sur des projets d’aménagement comme le Pont des Trous mais aussi sur toute autre question d’intérêt communal (un règlement de police, un projet culturel, un projet de mobilité…). L’essentiel est évidemment que l’avis des citoyen(ne)s soit pris en considération dans la décision politique. Dans le sujet qui nous occupe, les différents partis qui ont appelé à la consultation populaire se sont engagés à suivre l’avis qui sortira des urnes en octobre prochain. Des opposants vous diront que la décision urbanistique appartient au fonctionnaire délégué (fonctionnaire de l’urbanisme de la Région Wallonne) en oubliant que le Ministre peut toujours décider en deuxième instance de ne pas suivre la décision du fonctionnaire si la Commune introduit un recours contre cette décision. Il y a donc très peu de probabilités que le fonctionnaire aille à l’encontre de la « décision populaire ».
La consultation populaire est-elle trop chère en démocratie ?
C’est surtout son coût qui hérisse les détracteurs de la consultation populaire. Si on suit ce point de vue, on peut remettre en question toutes les institutions de nos sociétés démocratiques. La démocratie représentative coûte cher aussi. Savez-vous qu’à chaque conseil communal, la Commune paie un jeton de 195 euros brut à chaque conseiller communal présent. ECOLO a demandé de diminuer ce jeton lors de la législature précédente afin d’organiser plus de conseils et d’améliorer ainsi la qualité des débats mais cela a été refusé par la majorité communale. Les Echevins, eux, sont payés par un salaire et reçoivent une pension en fin de carrière.
Il en est de même pour tous les parlementaires et ministres. ECOLO défend le paiement de rémunérations décentes et justes aux représentants politiques afin qu’ils puissent effectuer leur mandat dans de bonnes conditions mais refuse que les mandataires ECOLO cumulent un mandat de parlementaire et un mandat d’échevin communal, pour des raisons de disponibilité et d’éthique. Or, parmi les détracteurs de la consultation populaire se trouvent nombre de mandataires politiques qui cumulent plusieurs mandats, tous payés par l’argent public, sans compter les mandats dans les conseils d’administration des intercommunales et autres sociétés publiques.
A Tournai, l’Echevine des finances s’est opposée farouchement à l’idée de devoir délier les cordons de la bourse communale pour consulter le peuple. En période de vaches maigres, nous ne pourrions donc pas nous permettre d’être au plus près des citoyen(ne)s et les inciter à participer à la démocratie locale. Étant au département des finances communales depuis 2 ans seulement, on peut comprendre, que, pour elle, « un euro est un euro ». Mais l’Echevine est-elle prête à assumer le gaspillage d’argent public opéré par son parti au pouvoir à Tournai depuis 1976 ? Des investissements inconsidérés que les Tournaisien(ne)s qui naissent aujourd’hui auront à payer sans doute durant une bonne partie de leur vie : les malfaçons de la Grand-place, de la Place de Lille, de la Place St Pierre et des Quais, la Piscine de l’Orient qui coûte bien plus cher qu’une autre vu son emplacement, la faillite d’un club de basket dont la Ville a dû éponger les dettes, le coût incommensurable du stade de foot et de son fonctionnement…
Face à ces erreurs du passé que nous payons très cher aujourd’hui, il n’y a aucune raison de se sentir coupable de vouloir donner de la couleur à la démocratie locale. Si elle est bien menée, la consultation peut réconcilier les citoyen(ne)s avec l’intérêt public, les encourager à être partie prenante dans la réflexion sur l’avenir de notre cité. Gageons qu’ils(elles) seront nombreux(ses) à participer au débat et à se déplacer ce 25 octobre pour dire « oui » à la démocratie.
Marie-Christine LEFEBVRE