Jean-Marc Nollet : l'interview

Publié le 11 juin 2015
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1. Jean-Marc, être chef de groupe à La Chambre d’un parti dans l’opposition, ça consiste en quoi ?

C’est d’abord être député, avec comme pour chacun des collègues une série de dossiers à suivre en tant que « parlementaire de référence ». Pour ce qui me concerne: le budget, le climat, la protection des consommateurs et… le nucléaire dont on a tant parlé ces dernières semaines. Mais c’est également articuler le travail de chacun des députés dans un agenda d’ensemble, en phase avec celui des partis (Ecolo et Groen); animer la réunion de groupe avec Kristof Calvo, mon homologue de Groen et représenter nos 12 députés à la conférence des présidents de la Chambre. Enfin, nous avons aussi une responsabilité sur la petite équipe de collaborateurs qui nous aident au quotidien. Cette responsabilité est partagée avec le secrétaire politique.

2. La Picardie, pour toi, en trois mots :

J’aurais pu dire « Tournai, Ath, Mouscron » mais c’eût été beaucoup trop réducteur. Alors je dirais « Convivialité, territoires et ancrage »

3. Le dossier nucléaire est à l’avant-plan politique, entre mensonges, corruptions, lobbying, l’intérêt du citoyen n’est-il pas loin des préoccupations de nos décideurs?

Dans le chef de la ministre Marghem c’est très clair: seuls comptent la réouverture des réacteurs fissurés et la prolongation des réacteurs périmés. Au grand plaisir d’Electrabel…  et au détriment de la sécurité des citoyens, mais aussi de son portefeuille et des emplois qui pourraient se créer dans les filières alternatives.

4. Quels sentiments t’animent dans ce dossier ?

Le nucléaire a toujours été un dossier important pour Ecolo. Je peux m’appuyer sur toute l’histoire du parti pour alimenter mon travail actuel. C’est particulièrement stimulant de sentir cette filiation en retravaillant dans les archives de Deleuze, Lannoye et tous les autres.

Par ailleurs, et au-delà de la question « pour ou contre le nucléaire », je pense que la manière dont est géré le dossier et le secteur pose de graves problèmes démocratiques: absence de transparence, concentration des bénéfices, privatisation des risques et des coûts y liés, engagement irréversibles pris pour des dizaines de génération (nos arrières arrières arrières arrières arrières petits enfants devront encore gérer les déchets que nous aurons produits pendant cette « phase » nucléaire), refus de la contradiction sous prétexte d’ignorance scientifique, minimisation des risques, jusque et y compris dans la bouche du patron de l’agence de sécurité qui va jusqu’à prétendre « qu’une éolienne est plus dangereuse qu’une centrale nucléaire » et « qu’il n’y a eu que 2 morts à Fukushima ». Tout est dit…

5. Quelle est, en quelques mots, l’alternative proposée par Écolo ?

Les alternatives (car elles sont plusieurs) sont au nombre de 5. Il convient tout d’abord d’empêcher Electrabel (et les autres) de fermer ses centrales thermiques. En fait, avec la complicité de la ministre, Eletcrabel crée le problème (fermeture en 2015 de plus de 1.000MW) et veut imposer sa solution (prolongation des 866MW de Doel 1&2).

Ensuite, avec l’aide d’un ancien directeur de la CREG (le régulateur du secteur de l’énergie) nous avons élaboré une piste pour amener dès l’hiver prochain plus de 1000MW en provenant des Pays-Bas, pays largement excédentaire, y compris aux heures de pointe.

Par ailleurs, ces pistes peuvent être combinées avec d’une part une meilleure gestion de la demande (il s’agit d’orienter la demande vers les heures creuses car la Belgique n’a qu’un problème potentiel entre 17h et 20h) et d’autre part un développement des énergies renouvelables. Le tout bien entendu sans oublier le travail à poursuivre sur la diminution de nos consommations énergétiques.

En résumé :
1. Non fermeture (1000MW)
2. Piste Woitrin / Pays-Bas (1000 MW)
3. Gestion de la demande
4. Renouvelables
5. Sobriété
6. L’avenir, pour toi, c’est quoi ?

D’une part une véritable Europe de l’énergie verte (les plus anciens se souviendront que l’Europe s’est construite sur l’acier et le charbon, la fameuse CECA) avec renforcement des interconnexions car le vent est plutôt au nord et le soleil plutôt au sud. D’autre part en phase de transition une combinaison du renouvelable avec le gaz. Enfin, et je n’insisterai jamais assez là-dessus: l’encouragement à davantage de sobriété énergétique. C’est un fameux défi et je pense que cela occupera encore des générations d’écologistes. On a encore beaucoup de travail !