Depuis plusieurs semaines, l’accueil des demandeurs d’asile suscite des débats, souvent enflammés. De Tournai à Mouscron, deux mois d’écart. Deux mois où l’on ne peut que constater le faible nombre de représentants politiques s’exprimant dans des termes positifs à l’égard de ces personnes fuyant des pays en guerre. La frilosité politique provoque deux choses : l’isolement des citoyens qui défendent les Droits Humains ou qui simplement expriment leur solidarité et/ou leur générosité, d’une part, et l‘aggravation du sentiment de peur et d’abandon de la population, à laquelle on donne toutes les raisons de renforcer leur sentiment de rejet et de repli à défaut des clés de compréhension de la situation, d’autre part.

Sans une réelle volonté des politiques et des mandataires locaux, chaque ouverture de centre ou toute initiative locale se soldera systématiquement par un renforcement d’un climat de peurs infondées, voire de haine raciale.

Demonstrators hold a sign reading "Let's respect and accommodate refugees" during a protest against the evacuation of migrants from a camp under a subway bridge in northern Paris on June 9, 2015. More than 350 refugees, most of them from Sudan, but also from Eritrea, Somalia and Egypt, had been living in the makeshift camp below the metro tracks between the stations of La Chapelle and Barbes-Rochechouart in the north of the French capital. AFP PHOTO / ROBIN BRAQUET

Pourtant, Écolo Picardie tient à souligner que la solidarité, organisée tant à Bruxelles qu’à Tournai, a permis d’accueillir ces demandeurs d’asile dignement et avec respect. Nous l’avons déjà souligné, si la solidarité des citoyens peut être exemplaire, Écolo veut que cette solidarité ne soit pas laissée à l’appréciation et à l’énergie de la population. C’est à l’État d’assurer cela.

Depuis deux mois, nous demandons que les bourgmestres de Wallonie Picarde abordent ce point et travaillent ensemble sur les solutions, notamment via un plan de répartition et l’anticipation de l’accueil qui suivra leur reconnaissance ou non en tant que réfugiés. Nous ne pouvons que constater que l’individualisme communal règne en maître. Aucune solidarité, aucun travail commun envisagé. Est-cela l’avenir de notre région ? 

De plus, les derniers événements nous poussent à constater une privatisation du secteur de l’accueil. A Mouscron, c’est un partenaire privé qui a répondu à l’appel d’offre de Fédasil. Le gouvernement ayant délibérément fermé des places pendant des mois, l’agence se tourne maintenant vers le secteur privé pour assurer l’accueil. Ce n’est plus seulement le bien-être des réfugiés et celui de la population qui est recherché par le gouvernement mais également l’intérêt d’une transaction entre Fédasil et des propriétaires privés voulant rentabiliser leurs biens. Les communes n’étant même pas associées aux négociations, comment pourrait-on imaginer un accueil adapté? A force de la jouer solo, de ne pas se concerter afin de se faire entendre et de proposer une vision de leur région, nos communes se retrouvent seules face à la loi du marché !

Écolo Picardie en appelle une fois encore aux mandataires politiques pour faire de l’arrivée de demandeur d’asile une opportunité d’exprimer avec cœur et responsabilité nos valeurs démocratiques et notre sens de l’accueil. Cela demande de l’engagement mais c’est toute la société qui en sortira renforcée.

Pour Écolo Picardie,

Chloé Deltour

Marie-Colline Leroy

François Otten